Du 8 au 11 décembre, le week-end prolongé de la Constitution espagnole et de l’Immaculée Conception (« Puríssima ») drainera chez nous de nombreux visiteurs sud-catalans. Mais les professionnels du tourisme de notre territoire seront pris au dépourvu par cette subite fréquentation de proximité. En effet, l’Agence de Développement Touristique des Pyrénées Orientales (ADT), contrôlée par le Conseil départemental, n’anticipe jamais cette échéance habituelle : ce service public néglige la manne financière venue de Barcelone et Girona.
Depuis 1963, notre département obéit à la « Mission Racine » nationale, qui, sous le général De Gaulle, a dangereusement réduit l’idée du tourisme à l’été, au soleil et à la plage. Aujourd’hui, une révolution mentale est nécessaire car le tourisme doit de jouer à l’année, notamment auprès d’une clientèle sud-catalane qui apprécie déjà notre territoire. Ce public ayant déjà le soleil chez lui, défendons des arguments patrimoniaux et naturels, plus nobles, sur l’exemple de Céret, Villefranche de Conflent et la Cerdagne.
Oui au Pays Catalan (OPC), promoteur d’une économie intelligente, dénonce la passivité publique vers les clients catalans du Sud. Plus réactive que nous, la marque « Aude Pays Cathare » et l’agence montpelliéraine « Sud de France » agissent à Barcelone avant les vacances de Noël, jusqu’à la semaine des Rois, qui se terminera le 8 janvier 2017. Et la région « Occitanie » défend un tourisme « quatre saisons ». Nos voisins maîtrisent mieux le calendrier espagnol et, sans tabous sociaux, visent ouvertement les Barcelonais aisés, dits « CSP+ ». A Perpignan, des décideurs rétrogrades ne jurent que par les marchés nordiques et le soleil.
Qu’attendons-nous ? Rompons le vieux carcan touristique érigeant le climat en valeur unique, car nos espaces naturels, notre patrimoine exceptionnel et notre art de vivre sont d’autres atouts, porteurs de davantage de richesse. Visons un nouveau tourisme et prenons notre destin économique en main. Ne négligeons pas le soleil, mais stoppons l’esprit de la « Mission Racine ». Seule une politique ambitieuse, pensée ici et pour ici, et non plus par des élites centralisées, changera notre stratégie touristique archaïque.