Perpignan: les nationalistes catalans s’organisent
Vexés que l’on donne à la nouvelle région le nom d’«Occitanie», des nationalistes catalans ont fondé hier leur parti, première étape vers la revendication de leur propre collectivité territoriale. «Oui au Pays Catalan», avec une majuscule à «pays» : c’est le nom de la nouvelle formation politique qui a été portée samedi sur les fonts baptismaux lors de son «congrès fondateur», tenu devant 200 personnes.
«La Région a fait le choix d’exclure notre culture», a lancé Jean-Luc Pujol, maire UDI de Fourques, dans le discours d’ouverture du congrès. Le maire avait fondé en mars dernier, avec d’autres élus et des militants, le collectif «Oui au Pays Catalan» (OPC), qui avait pour but d’exiger que la Région porte également la mention «Pays catalan». «Notre économie est négligée. Les partis, téléguidés depuis Paris, ne règlent pas les problèmes de chez nous. Notre identité est niée. Nous ne sommes ni respectés, ni reconnus», a-t-il déclaré, citant en particulier le peu de soutien apporté à la langue catalane, aujourd’hui largement oubliée, comme le témoigne la tenue du Congrès quasi exclusivement en français.
Jean-Marie Roger, maraîcher, a quant à lui insisté sur la marginalisation économique du Pays catalan, relégué au rang de «bronze-cul de la France et de l’Europe». La charte du nouveau parti, adoptée à l’unanimité, a fixé pour but la fondation d’une «collectivité territoriale unique». Façonnée à l’image de certains départements d’outre-mer et de la Corse, cette CTU se substituerait au département des Pyrénées-Orientales et s’arrogerait les compétences actuellement détenues par la région. «C’est une alternative sérieuse, crédible, possible», a affirmé Jordi Vera, élu coordonnateur d’OPC lors du congrès. Mais «la revendication indépendantiste n’a pas lieu d’être», a assuré Annabelle Brunet (UDI), maire adjointe de Perpignan et une des dirigeantes d’OPC. La poussée du mouvement indépendantiste de l’autre côté des Pyrénées ne serait ainsi pour pas grand-chose dans l’élan d’OPC : «Je ne suis pas sûre que les Catalans «français» soient préoccupés par ce qui se passe au Sud», déclare-t-elle.