Le 8 avril, Pascal Doucet-Bon, directeur adjoint des rédactions de France Télévisions, avouait « si un journaliste perpignanais avec un accent à couper au couteau arrivait à la télévision, bah, non, je ne vais pas le prendre ». En France, rejeter la couleur de peau est puni, mais bannir l’accent est légal ! Nous dénonçons cette politique discriminatoire opérée par un média public. Liberté, égalité, fraternité ? Pas sur les ondes. Depuis longtemps déjà, l’idéal républicain est bafoué par un microcosme médiatique centralisé, financé par nos redevances. A cet effet, nous condamnons le silence du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), chargé de surveiller les discriminations. Dans notre pays, où il faut blanchir son accent et parler parisien pour être accepté par le pouvoir médiatique, la diversité interne est écrasée par un ultra-jacobinisme uniformisateur. Ce système hérité de la monarchie absolue impose l’inégalité entre ceux qui sont géographiquement bien-nés, et les autres. Ce scandale souligne un pays archaïque, intolérant à l’égard de sa propre variété, incapable d’appréhender sereinement son avenir.
Notre force politique avertit des dangers de l’uniformisation. Au siècle dernier, le projet de l’homme « pur », éjectant les autres, a produit le pire. En 2017, la robotisation de l’accent est scandaleuse, car tous les journalistes ont l’accent parisien à la télévision. Ce racisme à l’accent doit être corrigé, l’accent catalan ne doit plus être interdit d’antenne nationale, la machine à broyer la diversité doit être arrêtée. Stop à la France à deux vitesses, qui fait dire au sinistre Doucet-Bon « les têtes qui dépassent, on les renvoie dans leurs régions ».
Source : blog du journal Le Monde http://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/04/08/pourquoi-les-journalistes-parlent-ils-tous-de-la-meme-facon-dans-les-jt_5108293_4832693.html